Les nombres relatifs : à découvert

Comme je l’ai déjà raconté dans un billet précédent (Un prof en vacances), dans la progression que j’ai avec mes classes de cinquième, l’introduction des nombres relatifs est prévue.

Pour les matheux qui me lisent, attention : les nombres relatifs ne sont pas les entiers relatifs. En réalité, les nombres relatifs au collège pourraient être définis comme « l’ensemble des nombres connus par les élèves, munis d’un signe ».

Les programmes précisent que « le nombres relatifs sont introduits pour rendre toutes les soustractions possibles ». Voilà qui suffit à guider la préparation de séquence. Je ne vais pas détailler ici tout le déroulement (cela n’aurait aucun intérêt, mais une anecdote particulière qui m’inspire un sentiment étrange…

Avec mes deux classes, je procède de la même façon. j’introduis brièvement le sujet, et avant même de donner la moindre explication, je pose d’emblée une question : « Connaissez-vous, dans la vie courante, des situations dans lesquelles nous utilisons des nombres négatifs ? »

Plusieurs propositions arrivent : les températures plus petites que zéro, les étages d’un immeuble… Mais aussi « quand on est à découvert à la banque » !

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Je suis tout de suite ahuri par le nombre d’élèves qui ont cet exemple en tête. Comment se fait-il que, si jeunes (11 ou 12 ans), des enfants soient déjà confrontés à ce genre de situations ? C’est pour le moins préoccupant et un indicateur marquant des situations sociales de leurs familles.

À cet âge, je ne pense pas que je connaissais même le rôle précis des banques, et encore moins le fonctionnement des comptes bancaires. Et j’insiste : ce n’est pas un ou deux élèves qui évoquent les découverts lorsque je pose la question, mais plutôt un quart de la classe.

L’année passée, j’avais déjà eu les 5e et la même situation s’était produite. Je suis peut-être un doux rêveur, mais je reste quand même persuadé qu’à cet âge-là, beaucoup d’enfants sont encore à l’abri de ces préoccupations.

Bonjour bonjour !

Bienvenue ! Je suis professeur de mathématiques, dans un collège du Val-De-Marne. Je suis en poste dans mon établissement depuis septembre 2018, c’est donc ma deuxième année dans cet établissement à l’heure où j’écris ces lignes.

Faisons connaissance

L’établissement dans lequel le travaille revêt une spécificité : il est classé REP (réseau d’éducation prioritaire). Concrètement, cela signifie que les élèves de l’établissement sont plutôt issus de famille pauvres, ayant des métiers peu ou pas qualifiés, habitant dans des quartiers défavorisés. Beaucoup de parents ne maîtrisent pas correctement la langue française, et je n’évoque même pas l’accès au numérique. Cela se traduit dans les classes : nous avons (théoriquement) des effectifs réduits, du personnel de vie scolaire en quantité supérieure (mais il y aurait tant à dire), des moyens financiers pour acheter de matériel pédagogique (vidéo-projecteur, si tu m’entends…) ou financer toutes sortes de projets.

Deuxième spécificité, mais qui est liée à la précédente : le collège est dans la petite couronne de la banlieue parisienne. En ville, cité pauvre de HLM et de tours où l’on voit sécher le linge, où l’en entend vrombir les scooters et où les « jeunes traînent en bande pour tromper l’ennui ». En un mot, « dans les quartiers ».

Le niveau scolaire général de l’établissement est bas au regard des indicateurs statistiques usuels de l’éducation nationale. Mais c’est aussi un endroit vivant, dynamique, où nous œuvrons tous pour permettre à « nos gamins » d’apprendre des choses, et idéalement d’aimer apprendre.

Et donc, un blog ?

Alors voilà, j’ai eu envie d’écrire sur mon quotidien de prof de maths dans un collège comme celui-là. Le travail de tous les jours, les projets ordinaires ou extraordinaires, les difficultés, les victoires et les frustrations. Ce qui se passe dans la salle des profs, dans les réunions ou dans les classes. Il y a tant de choses à raconter !

Je n’ai pas d’objectifs en termes de fréquence de publication, et encore moins en terme de durée de vie de ce blog. Mais une chose est sûre : des histoires, j’en ai à raconter.

Au plaisir de vous lire.